Tout auréolé du triomphe de sa prodigieuse trilogie du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson nous propose sa vision d’un des plus grands mythe du cinéma populaire. Luxueusement produite à hauteur de 207M$ (dont 20 pour le réalisateur) par des producteurs qui misaient sur les spectateurs qui avaient porté Le Retour du Roi à la deuxième place du box-office historique derrière Titanic, cette nouvelle version de King Kong souffre souvent de son hypertrophie artistique et financière. Cooper et Schoedsack ne sont pas Tolkien, et transformer une modeste production de cent minutes en film fleuve de trois heures est sans doute l’un des choix les plus contestables du cinéaste.
Passons donc sur une interminable introduction pas très bien écrite qui tente maladroitement de "faire intelligent" à coup de citation de Conrad. Ce désir de donner de la matière (grise) à des personnages originaux schématiques était louable, mais demandait sans doute un peu plus de finesse et surtout de concision. En revanche la suite de l’intrigue ne s’écarte guère de la trame de l’original de 1933 mais se contente de l’étirer à l’infini : une équipe de tournage aborde une île inconnue peuplée de monstres préhistoriques et d’un gorille géant qui enlève la vedette du film. Le reste de la troupe part à sa recherche à travers la jungle avec l’intention de capturer l’animal et de l’exploiter comme phénomène de foire.
Évidemment tout cela n’est qu’un prétexte à enchaîner les morceaux de bravoure spectaculaires dont Peter Jackson s’acquitte très honorablement : un effrayant gouffre aux insectes gluants à souhait, une tempête dantesque aux abords de l’île ou encore le formidable combat avec les T.rex empêtrés dans les lianes. Très bonne idée aussi de reprendre le concept de l' île fantastique parsemée de ruines cyclopéennes. La vraie star du film est incontestablement ce grand singe avec sa pauvre gueule amochée toute de traviole. Une réussite artistique et technique à la hauteur de Gollum. L’animation 3D couplée au motion capture a en effet permis le choix esthétique du gorille réaliste, une option aussi belle qu’inédite et qui tire un trait sur le stop motion ou le comédien costumé. Pourquoi une telle ambition n’a-t-elle pas été appliquée aux décors ? Malgré (ou à cause de ?) son budget gigantesque, ce King Kong version 2005 a été presque entièrement tourné en studio et devant des écrans verts. Et ce qui pouvait fonctionner avec l’environnement techno des derniers Star Wars vire ici à la claustrophobie. Eléments déchaînés et nature exubérante en conserve donnent envie de hurler "De l’air !". Alors que l'intérêt même de ce remake aurait dû être de se démarquer de ses prédécesseurs eux aussi confinés, mais en raison de contraintes de tournage d'un autre âge.
Un mot des acteurs, même si "le film de jungle" n’est guère propice aux grandes performances. Certes, Jack Black est irritant à force d’en faire des kilos à chaque plan et Adrian Brody semble bien se demander ce qu’il fait là, mais il serait injuste de ne voir en Naomi Watts que la scream queen de service. Elle fait ce qu'elle peut et plutôt bien en comparaison de ses collègues.
Conclusion, ce King Kong nouveau est du bon gros spectacle qui tache et on ne va pas bouder son plaisir sur écran géant et dolby explosif malgré le choix paresseux du tout studio. Plus regrettable cependant, alors qu'il s'éternise durant l'introduction, le réalisateur bâcle honteusement l'épilogue et passe à côté de l’émotion, à la différence de John Guillermin dans sa pourtant très inégale version de 1976.
4 commentaires:
Bonsoir Robby. Je n'ai vu ce King Kong en DVD. Quelle déception! Surtout les ajouts avec les monstres qui n'ajoutent rien. Et comme tu le dis si justement cela manque d'émotion. Rétroactivement, la version de 1976 (que j'ai vu à l'époque) était très bien (Et dieu sait cette version là avait été démolie par la critique à l'époque). Bonne soirée.
Bonjour Dasola. J'ai toujours défendu la version de 1976 malgré ses défauts. Pour moi il a été massacré essentiellement parce qu'il s'agissait du remake d'un classique, chose plutôt rare à l'époque. Mais sa grande qualité a été de rendre King Kong "vivant".
Mouaif! Ce king kong ressemble davantage à un nouvel épisode de Jurassic park...
Peter Jackson m'a semblé plus inspiré il me semble.
sINON, je tiens aussi un blog sur le ciné:peut être pourrions nous partagre des impressions?
Voici l'adresse:
http://cinemadolivier.canalblog.com/
à bientôt j'espère!
Bonjour Olivier,
Merci pour cette petite visite et pour l'adresse de ton blog. Je crois que je le connais d'ailleurs héhé...
Robby
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