On serait presque tenté de faire un rapprochement avec l’histoire de la firme Disney qui durant ses premières décennies révolutionna constamment l’art de l’animation tout en se basant le plus souvent sur de très sages adaptations de contes célèbres.
Pourtant il faut reconnaître que si la production animée récente - Pixar compris - repose essentiellement sur des personnages bavards voire hystériques et une action tourbillonnante lourdement teintée de parodie, ce Wall-E presque muet perdu sur une Terre désertée de ses habitants laissait espérer un traitement à contre courant pour le moins rafraîchissant. Mais le film se révèle rapidement être un peu à l’image de son personnage principal : bien fait mais avec un irrépressible sentiment de déjà vu.
La première partie du film tient pourtant en partie ses promesses grâce aux images splendides, tout en velouté et lumière dorée enveloppant de vastes décors de ville abandonnée magnifiquement servis par un très beau cinémascope. L’animation, toujours impeccable et fine, met en scène quelques jolis moments de comédie tendre au parfum de nostalgie via les innombrables trouvailles que le petit robot, compacteur de déchets mais aussi chineur, collectionne amoureusement dans son refuge. Reliques qui sont autant de clins d’œil à notre époque.
On suit également avec plaisir les tentatives hasardeuses de Wall-E pour communiquer avec Eve, le second personnage à la force de frappe tout à fait dissuasive et qui fait irruption un beau jour dans son petit univers routinier.
Dans cette introduction plutôt réussie, on peut malgré tout déplorer la musique fade de Thomas Newman qui se contente d'illustrer platement l'action, là où l'absence de dialogues aurait exigé un compositeur nettement plus inspiré, à l'image du John Williams tout en finesse de E.T, ce petit cousin éloigné de Wall-E.
Au final tout cela est certes charmant, joliment réalisé, mais ronronne un peu trop pour crier au chef-d'oeuvre.
D’autant que passé cette première demi-heure, l’histoire nous emporte brusquement dans l’espace et vers… un tout autre film beaucoup plus classique celui-là, où les bonnes idées se font rares et les surprises brillent par leur absence.
Retour donc aux fondamentaux habituels avec une histoire qui s’enlise un peu dans des péripéties très conventionnelles ponctuéés de ressorts de comédie bien trop prévisibles pour être vraiment drôles. Le tout est soupoudré d’une vague fable écolo-redemptrice simpliste et très à la mode à défaut d’être convaincante. Même l'esthétique reste très classique et sans grande imagination. On n’échappera pas non plus au concept récurrent selon lequel l’autorité légitime ne commet des erreurs qu’en étant trompé par un sbire ou un subalterne. Pour une histoire qui se voudrait impertinente, on pouvait espérer mieux que ce vieux refrain conservateur usé jusqu’à la corde.
Malgré tout cela, le film reste bien au-dessus de l’avalanche de productions concurrentes par la qualité de ses images et la louable intention de faire un peu plus original que la moyenne, même si ça ne semble pas ici avoir été assumé jusqu’au bout. Ce qui fonctionnait à merveille avec les superbes et toniques Nemo, Monstres & Cie, Les Indestructibles devient ici un peu faible en regard de l'ambition affichée.
Devant autant de savoir faire et de talent, on se plaît à rêver d’une production Pixar plus mature et audacieuse qui prendrait pour une fois le risque de ne pas être à tout prix si fédératrice et mignonne.
6 commentaires:
Excellent blog qui petit à petit va prendre plus d'ampleur. La mise en page est très belle et très soigné, on s'y retrouve facilement. J'espère y découvrir des critiques de films classiques dans un avenir proche...
Félicitation, et bonne continuation
dr.jaws
A se demander si Pixar n'est définitivement perdu côté scénard. Perso, si j'ai passé un bon moment je n'y ai pas retrouvé les inventions de Monsters inc. ou 1001 pattes. Et encore moins de Nemo. Zoli comme tout, mais ennuyeux au bout d'une demi-heure.
C'est un peu comme s'ils étaient le cul entre deux chaises en fait, d'un côté ils vont plus loin que les concurrents mais en gardant les mêmes "valeurs" du coup les 2 aspects se parasitent.
J'ai pour ma part été decu par ce Wall-E.
Peut etre à cause d'un battage mediatique à outrance qui m'a ecoeuré avant meme la sortie du film.
Le début nous offre une image techniquement parfaite, quasiment photo réaliste.
Mais il annonce aussi en grande pompe ce que va etre le film: Un ensemble de situations et d'images absolument pas subtiles, qui prends un peu le spectateur pour des cons, le "forcant" à resentir ce que les gens de chez pixar voulaient nous faire ressentir.
On se sent sur des rails emotionnelles qui nous dirige parfois à notre insu, qui nous bride completement
le personnage, tout dabord.
Wall-E est mignon, avec un "cri" tout à fait charmant, et il a des grands yeux de chien battu et il est tout chetif, degageant une forte impression de fragilité parfois consternante.
La premiere maladresse du petit robot est attendrissante, la deuxieme est marrante, la 3 eme est carrement crispante.
Le fait qu'il collectionne les objets cher à notre culture (rubik's cube etc) nous "force" à ressentir une pointe d'emotion et de nostalgie supplementaire.
La terre quand à elle est une veritable decharge, encore une fois "surjouée", ou les dechets compactés representent 80% de la masse de notre planete, bref, la surconsomation c'est maaaaaal et le film nous le fait savoir.
L'arrivée de eve nous offre quand à elle ce que les autres pixar avaient évité, la fameuse fable moralisatrice.
Eve est envoyée par les hommes afin de trouver un espoir pour les hominidés de revenir sur terre, à savoir un bébé plante, qui lui meme est mignon, que eve ramasse et cache dans son ventre climatisé.
Encore une fois peu subtile et tueur d'émotion, tant c'est dirigiste.
La ou les indestrutibles nous offrait un film carrement marrant, et ou némo nou gratifiait de decors absolument magistraux et totalement onirique, Wall-E nous plonge dans une vaste fumesterie emotico-nostagico-pathos-écolo.
Je pensais avoir atteint le pire et soudain catastrophe.
Eve s'en va , après avoir copieusement allumé notre robot, qui tombe amoureux de la belle blanche et pur, contrairement à lui tout cabossé et completement oxydé, bien que le premier contact ai été somme toute brutal (qui a juste permis de nous montrer a quel point Wall-E est mignon quand il se replie dans sa coquille).
Bref, WAaAAAaLLLEEeeEEeE (la voix de wall-E a été enregistrée avec la voix d'un ado prepubère) trouve un moyen de suivre Eve dans l'espace (toujours de manière mignonnne) et nous nous retrouvons donc dans ce qu'il reste de l'humanité, un vaisseau spatial bondé d'humain victimes encore une fois de la surconsommation, totalement incapables de se deplacer tant ils souffrent des affres du capitalisme, les pauvres.
Les humains sont comme des animaux, vivants au rythme de leur estomac se deplacant sur des grosses bouées gravitationnelles.
Wall-E debarque donc dans cette parodie d'anticipation, à la recherche de sa belle.
S'en suit une inter-minable- course poursuite qui dure des heures ou notre robot poursuit Eve qui elle meme poursuit son bourgeon qui est balladé un peu partout dans le vaisseau.
Triste et charmant.
La fin est quand à elle totalement navrante, quand la belle arrive (enfin) à livrer la plante aux humains qui hurlent de joie à la vue du vegétal. (Certains essayent meme de se lever!)
Les hommes se rendent donc compte à quel point ils ont deconnés, et retournent sur terre, jurant qu'on les y reprendra plus.
Wall-E et eve, quand à eux vivent heureux et ont beaucoups d'enfants.
La ou il y avait un bon potentiel et un background deja vu mais toujours plaisant, on nous gratifie d'un film vraiment peu inspiré et totalement ennuyeux.
Je crois que c'est le premier (le premier!) film qui m'a donné la sensation d'avoir perdu mon ame d'enfant tant je leur en voulait de ne pas me laisser attendrir, ç cause d'un dirigisme exacerbé.
Une deception.
Je crois que nous avons tiqué aux même choses, même si tu es plus sévère encore que moi. C'est vrai que la première partie m'a vraiment bluffé et malgré les défauts que tu pointes souvent à juste titre, je trouve que c'était audacieux de faire toute une part de film sans dialogues (qui tranche tellement avec l'hystérie systématique de ce genre de film), et d'autre part la forme absolument splendide m'a vraiment scotché.
Pour le reste, RAS, on est sur la même longueur d'onde je crois.
Bon, une fois la déception du 1er visionnage passée (cucul, caricatural, moralisateur), j'ai pris un vrai plaisir à le revoir 2 ou 3 fois.
De toute façon, largement au-dessus de Ratatouille en ce qui me concerne.
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